Le Spectacle
Indices | Le texte de Bruno Castan | Intentions dramaturgiques | Mise en scène | Prologue

Indices

Álvar Núñez Cabeza de Vaca, personnage historique, noble espagnol, conquistador malheureux, obtient en 1527, le poste de trésorier du Roi et «alguacil mayor», dans l’expédition que prépare l’illustre Panfilo de Narvaez, en vue d’aller conquérir la Floride. L’expédition, mal préparée, mal commandée, échoue dans sa recherche d’un mythique eldorado. Cabeza de Vaca, seul survivant, immergé de force dans un monde indien à la limite de la survie, se retrouve (se perd ?) malgré lui chamane, «fils du soleil», thaumaturge involontaire. Alors commence une marche de deux ans, ponctuée de guérisons, qui le mènera du Mississipi aux côtes de Californie, suivi d’une foule grandissante de «disciples» indiens. Durant son périple de près de neuf ans, Cabeza de Vaca aura parcouru plus de huit mille kilomètres à pied.
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Le texte de Bruno Castan "Cabeza de Vaca"

La pièce s’inspire de la vie réelle d’Alvar Nunez Cabeza de Vaca, personnage historique, noble espagnol, conquistador malheureux.
Alvar adolescent apprend le métier des armes... pour guerroyer en Italie et en Afrique du Nord…
Il participe à la répression des comuneros par les milices féodales, et le roi le nomme second d’une expédition destinée à conquérir la Floride.
L’expédition, mal préparée, mal commandée, échoue dans sa recherche d’un mythique eldorado.
Cabeza de Vaca, seul survivant, immergé de force dans un monde indien à la limite de la survie, se retrouve (se perd ?) malgré lui chamane, «fils du soleil», thaumaturge involontaire jusqu’au jour où...

L’ensemble se décompose donc en trois mouvements, encadrés par un prologue et un finale.
Le premier mouvement — la carrière d’un hidalgo, se présente comme une suite de tableaux traités dans un style que l’on pourrait qualifier d’héroï-comique, ponctué d’une note tragique: l’extrême violence de la répression des «comuneros», au sein d’une scène traitée sur le ton de la comédie («La cour»). Le texte peut utiliser par fragments plusieurs langues européennes, dont le latin.
Le deuxième mouvement — une expédition hasardeuse, constitue la véritable plongée dans le drame, celui de la rencontre avec les Indiens, de la violence, de la folie, du désespoir. Ouvert sur une scène «guerrière» presque réaliste, il verra un personnage mythique, La Terre Indienne, frapper de ses malédictions Narvaez et son expédition. Cabeza de Vaca, seul rescapé de toutes ces terreurs, de toutes ces souffrances, y finit esclave des Indiens.
Le troisième mouvement — les feux du soleil et du gel, est une remontée du personnage central de Cabeza de Vaca vers la lumière.
Commencé dans le doute et la peur, ce mouvement va porter un Cabeza de Vaca devenu «fils du soleil» vers le seul dénouement possible de sa trajectoire messianique parmi et avec les Indiens: sa mort.
Dona Teresa, la mère de Cabeza de Vaca, personnage onirique surgi de son passé, aura essayé en vain de le détourner de son «indianité». Lorsque Cabeza de Vaca se retrouve face à des chrétiens, ceux-ci parlent espagnol, sa langue d’origine, devenue pour lui étrangère.
Mais la mort est sans doute fausse, c’est une trop belle fin, le finale l’évoquera ; Cabeza de Vaca sera vite prêt à se relancer dans la conquête du monde nouveau; il n’y aura pas de miracle dans cette conquête.
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Intentions dramaturgiques

L’ensemble de l’oeuvre se décompose en trois mouvements, suivis d’un finale, pour une durée approximative d’une heure et demie.

Le premier mouvement – la carrière d’un hidalgo, se présente comme une suite de tableaux traités dans un style que l’on pourrait qualifier d’héroï-comique, ponctué de deux notes tragiques: la plainte des agonisants sur le champ de bataille, qui appellent leur mère dans toutes les langues de l’Europe («Italie»); l’extrême violence de la répression des «comuneros», au sein d’une scène traitée sur le ton de la comédie («La cour»).
Le texte utilise par fragments l’espagnol, l’italien, l’anglais, l’allemand, le latin, et bien sûr le français, dans une sorte de concert des langues européennes.

Le second mouvement – une expédition hasardeuse, constitue la véritable plongée dans le drame, celui de la rencontre avec les Indiens, de la violence, de la folie, du désespoir. Ouvert sur une scène «guerrière» presque réaliste, il verra un personnage mythique, La Terre Indienne, frapper de ses malédictions Narvaez et son expédition. Cabeza de Vaca, seul rescapé de toutes ces terreurs, de toutes ces souffrances, y finit esclave des Indiens.

Le troisième mouvement – les feux du soleil et du gel, est une remontée du personnage central de Cabeza de Vaca vers la lumière. Commencé dans le doute et la peur, ce mouvement va porter un Cabeza de Vaca devenu «fils du soleil» vers le seul dénouement possible de sa trajectoire messianique parmi et avec les Indiens: sa mort. Dona Teresa, la mère de Cabeza de Vaca, personnage onirique surgi de son passé, aura essayé en vain de le détourner de son «indianité». Lorsque Cabeza de Vaca se retrouve face à des chrétiens, ceux-ci parlent espagnol, sa langue d’origine, devenue pour lui étrangère.
Mais la mort est sans doute fausse, c’est une trop belle fin, le finale le montrera; Cabeza de Vaca est prêt à se relancer dans la conquête du monde nouveau; il n’y aura pas de miracle dans cette conquête.

La scénographie du spectacle évoluera elle-même dans son rapport au développement propre de l’action. Elle passera du style héroï-comique du premier mouvement au dépouillement extrême du troisième mouvement, adoptant ainsi et soulignant le parcours dramaturgique qui caractérise l’ensemble de l’oeuvre.
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À propos de la mise en scène

La compagnie Théâtre à tous les Étages a rencontré l’auteur Bruno Castan lors de la création de l’une de ses oeuvres, l’Enfant Sauvage. Il est le précurseur de la création d’un véritable répertoire dramatique pour le jeune public et s’est très vite attaché à notre compagnie (Bruno Castan est un des membres fondateur de l’association Théâtre à tous les Étages).

Son travail d’auteur a plusieurs facettes, et l’a conduit a pensé à un opéra. Il nous en a soumis le texte. La beauté de son écriture, la structure dramaturgique, l’originalité et la pertinence du sujet nous ont immédiatement séduit. Nous l’avons donc proposé comme spectacle pour fêter le dixième anniversaire du projet de la Maison du Concert. Seul un opéra pouvait réunir de manière cohérente un ensemble instrumental, Les Chambristes, une compagnie de danse, Tape’Nads, une compagnie de théâtre, Théâtre à tous les Étages,toutes résidentes de la Maison du Concert. L’association de toutes nos compétences, la mise en place d’une coproduction pouvaient rendre possible le projet.

Nous avons intégré au courant de l’été 2009, dans l’équipe de création, Guy Bovet, organiste mondialement connu et compositeur, qui, tout de suite très enthousiaste, s’est mis au travail, pour terminer la composition au début du mois de juin 2010.

Notre travail a commencé par une réflexion commune avec le compositeur sur l’art lyrique en général, la difficulté à concilier un véritable jeu d’acteur et le chant lyrique. À ce titre, l’opéra, comme forme d’expression, est hybride, et rares sont les oeuvres qui réussissent à ne faire pas peser le poids de certains compromis.

Nous avons pris des partis, sur la base desquels la musique s’est écrite, qui pourra être retravaillée au fil des répétitions, et défini une structure dramaturgique qui justifie à des degrés divers, le pur chant lyrique, des formes de scansion, de déclamation, de psalmodie et de langage simplement parlé. Par ce travail, permis aussi par la liberté que propose le texte de Bruno Castan par sa poétique et son rythme, nous avons trouvé des équilibres permettant l’association, la confrontation de chanteurs et de comédiens professionnels, mettant à jour une forme cohérente, et peut-être novatrice (?) pour aborder cet opéra, que nous qualifions de «parlé et chanté».

La scénographie s’appuiera en partie sur l’architecture du Théâtre du Concert, dont le rapport sera inversé (gradin sur la scène et jeu dans la « salle »). Cette implantation permettra aussi de modifier le rôle des musiciens les rendant très acteurs dans notre projet: situés sur la première galerie, ils seront mobiles horizontalement, tantôt de face, tantôt sur les côtés, et parfois en bas. Un liaison verticale est prévue pour que les acteurs envahissent les espaces des musiciens et inversement. La composition musicale s’appuie également sur les capacités instrumentales des comédiens, qui, pour certains, rejoindront l’orchestre dans certaines scènes. Les musiciens seront appelés également à jouer le rôle du choeur.

Nous avons donc travaillé sur une forme qui ne confine pas les intervenants dans leurs fonctions premières, mais les implique à tous moments, dans la globalité de la représentation.
Cédric Pipoz, metteur en scène
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Prologue

Premier mouvement: La carrière d’un hidalgo

1 - JEUNESSE Alvar Nunez adolescent, élevé dans le château de son grand-père par une nourrice guanche (esclave originaire des Canaries), entouré d’esclaves guanches... leçon d’escrime... sa mère, Dona Teresa Cabeza de Vaca , lui donne son nom... départ pour la guerre...

2 - LA COUR Le roi et ses courtisans s’ennuient ; seul, l’or du Nouveau Monde qui afflue les réveille de temps à autre... une voix s’élève de la fosse d’orchestre, celle des «comuneros» qui réclament un pouvoir politique correspondant à leur pouvoir économique croissant... féroce répression par les milices féodales, dont Alvar... le calme règne à nouveau chez Sa Majesté très catholique...

3 - NOMINATION Bruits de couloirs et manoeuvres d’antichambre au palais. Espoirs, jalousies, crocs-en-jambe. Le roi d’Espagne nomme Cabeza de Vaca trésorier royal et contrôleur général de l’expédition que commandera Panfilo Narvaez, destinée à conquérir la Floride. Jubilation d’Alvar, qui va se lancer enfin dans une carrière digne de son état, et de son nom...

4 - TRAVERSEE GLORIEUSE Traversée glorieuse de l’Océan vers le Nouveau Monde et la Floride... caravelles et monstres marins... choeur des anguilles des Sargasses...


Second mouvement: Une expédition hasardeuse

5 - ELDORADO Débarquement en Floride... Te Deum... prise de possession de la terre au nom du roi... premier Indien... interrogatoire... en route pour l’Eldorado...

6 - NAUFRAGES Narvaez lance ses 400 hommes vers l’intérieur des terres, sans préparation, sans provisions... Les Indiens ont parlé d’une ville du Nord qui regorge d’or : Appalachee... Marche vers Appalachee à travers forêts et marécages... serpents, moustiques, fièvres, flèches indiennes... Appalachee n’est qu’un bourbier... L’expédition rouillée, fourbue, décimée, doit regagner la côte... On manque le point de ralliement prévu avec les vaisseaux... On mange les derniers chevaux en construisant des barques de fortune... Cinq barcasses dérisoires sur l’océan... faim... soif... folie et mort... deux mois de délire dans la tempête... Narvaez abandonne : «Chacun pour soi !»... Une dernière vague roule Cabeza de Vaca sur le rivage hostile...

7 - RECONFORT Cabeza de Vaca est recueilli par une tribu indienne... à sa grande surprise, il n’est pas dévoré par ses hôtes, mais soigné, nourri, réconforté... Mais les Indiens apprennent que les quelques survivants d’une autre barque se sont livrés à l’anthropophagie... horrifiés, ils réduisent leur hôte en esclavage...


Troisième mouvement: Les feux du soleil et du gel

8 - CHAMANE MALGRE SOI Les Indiens amènent un malade à Cabeza de Vaca ; l’Espagnol est différent, il doit donc avoir un pouvoir : il guérira le malade ou il mourra... Cabeza de Vaca doit officier... le malade se déclare guéri.

9 - LE FILS DU SOLEIL Cabeza de Vaca doit accepter ce pouvoir nouveau : les Indiens ont fait de lui leur homme-médecine... Devenu «le fils du soleil», il entame une longue marche à travers tout le continent. Une foule d’Indiens grandissante le suit. Les guérisons succèdent aux prodiges... du delta du Mississipi à l’océan Pacifique... Un pays fertile, déserté par ses habitants, traces de violence, de pillage : les traces des chrétiens.

10 - LE CAVALIER ESPAGNOL Cabeza de Vaca face à un cavalier espagnol, après sept ans de solitude et d’immersion dans le monde indien. Le cavalier espagnol n’a qu’un souhait : que Cabeza de Vaca use de son ascendant sur «ses» Indiens pour amener cette main-d’oeuvre gratuite vers Mexico... Cabeza de Vaca refuse de livrer les siens à ces rabatteurs d’esclaves, nu et désarmé, il meurt sous les sabots du cheval, cloué à la terre indienne par le fer d’une lance.


Finale
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